ÉDITIONS POCKET, CONTEMPORAIN, L'ICONOCLASTE, LITTÉRATURE CONTEMPORAINE, LITTÉRATURE FRANÇAISE, Roman, Témoignage

CINQ DANS TES YEUX D’HADRIEN BELS

Coucou à tous,

Aujourd’hui, je vous parle d’un roman que j’attendais avec grande impatience en format poche. Il s’agit de Cinq dans tes yeux d’Hadrien Bels, paru le 06 janvier 2022 chez les Éditions POCKET.

Un mot sur l’auteur

Hadrien Bels a grandi à Marseille avant de travailler en tant que vidéaste. Il est également réalisateur.
« Cinq dans tes yeux » est son premier roman paru aux éditions L’Iconoclaste en 2020, chronique d’une jeunesse qui avait le cœur et la rage poétiques, au cœur de Marseille, dans les années 90.

Marseille. Son Vieux-Port, ses calanques, son accent qui chante et son quartier du Panier.
Stress y est né, y a grandi, y a fait les 400 coups. Son surnom, c’est Nordine qui le lui a donné.
Il y avait aussi Ichem, Kassim, Djamel et Ange. Tous venus d’ailleurs, d’Algérie, des Comores
ou du Toulon des voyous.
Ses amis d’enfance sont toujours là, pour la plupart du bon côté de la rampe. Mais entre
les ados qui se sentaient pousser des ailes dans les années 90 et les hommes d’aujourd’hui,
il y a un monde, un monde perdu. La bande qui traînait ses vieilles baskets sur les pavés
biscornus n’est plus la même. Les pauvres ont été expulsés du Panier, les bobos rénovent les taudis et les touristes adorent arpenter ses rues tortueuses. Un peu artiste, un peu loser, Stress rêve, lui, d’y tourner un film…

Bienvenue dans le quartier populaire Le Panier, à Marseille, qui est mis à l’honneur dans ce roman.
C’est l’histoire de Stress qui y est né et qui vit là-bas avec sa bande d’amis, Nordine, Ichem, Kassim, Djamel et Ange.
Cinq dans tes yeux, c’est l’expression d’Ichem pour combattre le mauvais œil.

« Je sais que dans sa tête il répétait « Cinq dans tes yeux ». Cette expression pour te protéger du mauvais œil de l’autre et même de celui que tu pouvais te jeter à toi-même. »


Stress a mûri et a vu sa ville natale changée quand les bobos sont arrivés ou plutôt les « Venants ». (Dixit Stress et sa bande)

Aujourd’hui, tout le monde dit « les Bobos » mais nous, quand on était ados, on les appelait « les Venants » Kassim avait sorti ça un soir, vers deux heures du mat. On était au Panier, sur notre banc en bois de la place des Moulins. On tombait des Heineken, on tirait sur des pétards (.….)

Regarde-le moi ce Venant avec sa gueule d’héritier !

Sur le coup, on avait pas vraiment capté. On comprenait pas toujours Kassim, mais Venant, c’est resté. Et on s’est mis à le placer sur toutes ces gueules qui nous revenaient pas. »

Dans une langue truculente alternant le Marseille des années 90 et le Marseille d’aujourd’hui, Stress revoit son quartier avec ses yeux d’adolescent en nous dévoilant ses ressentis et des anecdotes sur un ton nostalgique. 

« À mon époque, le signe d’appartenance, c’était le choix de la sauce. Peut-être que si j’étais adolescent aujourd’hui, je porterais une petite barbe et la djellabah du vendredi midi. »

Avant, Stress allait à la plage, il fréquentait les boites avec sa bande d’amis. Une forte amitié les unissait comme les cinq doigts de la main, ils se taclent pour impressionner la galerie, ils fument, ils draguent, ils boivent, ils trichent, ils zonent comme-ci demain et leur futur n’existait pas. Jusqu’au moment où les bobos ont déboulé, ils rénovent, les touristes qui viennent, les pauvres qui ont été expulsés, Stess ne reconnaît plus son quartier.

« – C’est quoi le pitch ?
– C’est l’histoire d’un groupe d’amis qui a explosé dans les années 90 avec la réhabilitation du quartier du Panier.
(…) – Comment ça, a explosé ?
– Les embrouilles entre eux, la réhabilitation du quartier qui les a poussés en périphérie, et le passage à l’âge adulte. (…)
-Ok, et tu t’y prends comment ?
– Je fais revenir les gars dans Le Panier d’aujourd’hui, les fais parler du quartier, des liens qu’ils avaient entre eux à l’époque, et rejouer des scènes de leur adolescence. Comme dans une performance d’art contemporain. Tout ça au milieu des touristes et des marchands de souvenirs. Comme s’ils avaient encore 16 ans et qu’ils vivaient ici. »

« C’est vrai qu’il ont l’air sympa ces gens du Panier Bio. Mais j’arrive pas à m’empêcher de penser que le monde qu’ils travaillent à rendre meilleur, c’est avant tout celui dans lequel ils vivent. »

Chacun fait sa vie, ils se revoient enfin, ils se recroisent, mais ce n’est plus comme avant… Stress est devenu réalisateur, mais ses projets n’aboutissent pas.
Il n’a qu’une idée, c’est de réunir sa bande pour faire son projet de long-métrage, mais la plupart ils se sont rangés du bon côté, les temps ont changé. Alors pour conjurer le sort, Stress écrit son premier roman, Cinq dans tes yeux.


Le titre est parfaitement bien choisi et la couverture est chouette.
Ce roman est brut et tendre à la fois, l’auteur nous livre une belle déclaration à sa ville natale. Magnifique roman sur Marseille, mais aussi sur les inégalités sociales, sur le temps qui passe et une jeunesse qui nous échappe.
Ce texte est rythmé, sombre et désabusé
J’ai aimé défiler les pages avec ses personnages haut en couleur au ton décalé. Les images s’enchaînent dans les rues de la cité phocéenne. Le style est singulier et original.
La plume de l’auteur est franche et emplie de tendresse. Hadrein Bels nous mène à la réflexion.

« J’ai encore des sentiments pour cette ville. Tout est encore possible entre nous. De nouveau envie de la filmer et de l’écouter me raconter ces histoires de vies qui, bout à bout, me transportent de l’autre côté de la Méditerranée, dans ces ruelles où l’on te vend des cigarettes et des brochettes de foie à l’unité. Où l’on jette par terre papiers, mégots, canettes de Coca. Là où les mouettes, les chats et les rats viennent se battre. Une ville doit dégager des odeurs de crasse et nos instincts animaux. Elle doit raconter nos vies et nos dérives. Une ville trop propre ne me dit rien, elle me fait peur, à cacher ses névroses. »


Ce roman est une belle réussite.

C’est l’histoire de Stress et de son amour inconditionnel qui porte à Marseille. 

C’est l’histoire d’une jeunesse tumultueuse et du temps qui passe…

C’est l’histoire d’un film qui n’aboutit pas… 

C’est l’histoire de liens fraternels…
C’est une histoire authentique ! Une ode à l’amitié !

  • Parution le 06 janvier 2022 aux Éditions POCKET
  • 208 pages
  • Ma note 15/20

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