Historique, Librinova, LITTÉRATURE FRANÇAISE, Roman

PLACE MÉDARD DE ROLAND BOUDAREL

Roland Boudarel publie son premier roman Place Médard aux Éditions Librinova paru en avril 2022, et nous offre un magnifique roman transgénérationnel. Il nous fait voyager dans l’Histoire sur plusieurs générations de Quimper à Paris en nous transportant également à travers le monde (Italie, Algérie, Nouvelle-Calédonie…).

Un mot sur l’auteur

Roland Boudarel est né en 1963 à Saint-Étienne, où il suit des études universitaires et obtient un DEA en Histoire moderne. Après une année d’enseignement, il s’oriente vers une carrière commerciale durant trente ans. Il occupe des fonctions nationales liées au management et à la négociation, dans l’univers du papier et des beaux-arts. Féru de lecture et d’écriture, en parallèle de ses activités, il publie trois ouvrages, le dernier datant de 2010. Son parcours professionnel s’interrompt brutalement en décembre 2020. Il décide alors de transformer positivement cette situation en rédigeant son quatrième ouvrage, mais son premier roman, Place Médard.

Quatrième de couverture

Juillet 1890. Épouse charmante et respectable, Gwenn aurait dû naître, grandir et mourir dans son village du Finistère. Mais lorsque son chemin croise celui d’un artiste inspiré par Quimper, son existence chavire. Alors qu’elle vend son lait sur la place Médard, cet homme admiratif, à qui elle n’a pourtant rien demandé, croque son portrait. Pour cet affront, son mari la marque au fer rouge. Sa vie et son avenir s’en trouvent transfigurés. Ses descendantes, porteuses d’un héritage tragique dont elles ignorent tout, ressentent cette histoire jusque dans leur chair. Pendant plus d’un siècle, de Quimper à Paris, Florence ou Sétif, le destin agité de ces femmes revient irrésistiblement à la fatidique place Médard. D’une plume sensible et habile, Roland Boudarel nous peint le portrait profondément humain, empreint de fragilité et de douleur, de femmes, filles et mères troublées par le poids d’un secret qui traverse les générations.

Mon avis

Sublime, fascinant, un joli condensé d’émotions.

Dans ce roman choral, l’histoire prend racine à la fin du XIXème siècle dans le Finistère.

Lorsque j’arrivais au petit jour place Médard, ce matin du mois de juillet 1890, jamais je n’aurais pu imaginer que le cours de ma vie allait changer de cette manière.

Gwenn est née en 1862 à Quimper et est élevée par Constance, sa marraine ainsi que son mari l’Amiral dans une grande maison aux allures bourgeoises. 

Dans cette maison, il y avait de grandes bibliothèques avec plein de livres. Grâce à Constance, Gwenn adore la littérature et le dessin. 

Constance éduque Gwenn de manière pour qu’elle sache travailler, tenir une maison et lui offre un bagage pour devenir domestique chez des bourgeois. 

Gwenn est devenue l’épouse d’un homme âgé de quatre ans de plus qu’elle et qui s’appelle Pierrick. Ils partagent leur foyer avec les parents de Pierrick, des personnes méprisantes. 

Gwenn, qui vend son lait à la place Médard, à Quimper, croise le chemin d’un artiste et devient contre sa volonté le sujet d’un portrait esquissé par un homme qui la contemple. Ce peintre est Gibus. Ils échangent quelques mots et font connaissance. Quand Pierrick le découvre fou de rage, possessif et jaloux, il la marquera au fer rouge pour lui faire payer cette humiliation. 

Tout arriva en même temps, une odeur de cochon grillé, et une douleur intense. Il appuyait avec une force de charron, pour imprimer dans ma chair, le p infamant. Mon sein blanc, doux et rond se trouvait écrasé par l’emprise de l’empreinte diabolique et incandescente d’une tige noirâtre, métallique et anguleuse. Je le sentais déjà se racornir et se déformer comme une vulgaire couenne de lard.

Cette empreinte laissée à vie sur son sein. Une histoire secrète qui laissera des empreintes chez les descendantes de Gwenn.

Ce roman est magnifiquement bien écrit et parfaitement bien construit. L’auteur nous fait voyager dans l’histoire sur plusieurs générations de Quimper à Paris et nous transporte également à travers le monde (Italie, Algérie, Nouvelle-Calédonie…).

Roland Boudarel nous offre un magnifique panel de femmes et nous peint des portraits exceptionnels sur le destin des femmes résistantes sur plus d’un siècle. Il a le don de décortiquer la psychologie subtilement des personnages et de nous transmettre une multitude d’émotions. Les protagonistes sont forts et attachants.

J’ai aimé suivre le destin d’une lignée de femmes à différentes périodes, confrontées à assumer seules l’avenir de leur progéniture et majoritairement des filles. J’ai été surprise que la relation mère et fille soit pratiquement inexistante. Roland Boudarel nous offre des femmes uniques, fortes et courageuses ayant cette volonté d’avancer, de se battre et il nous parle également des hommes néanmoins de manière plus discrète.

Ces femmes sont fières et ont souvent la difficulté d’exprimer leurs sentiments néanmoins, j’ai aimé ces femmes qui ont voulu vivre et devenir libres.

Malgré les générations qui les séparent, ces femmes qui d’une façon ou d’une autre, ont toutes le même point commun l’art, le dessin, la peinture, la musique, le théâtre.

Les longs chapitres sont rédigés par un personnage différent souvent une femme et ce roman est écrit à la première personne ce qui permet au lecteur de s’identifier aux protagonistes. Ce roman est original car chaque chapitre est consacré à une génération en changeant de narrateur pour que le lecteur évolue dans le temps et cela nous permet de comprendre les membre de cette famille sans prendre de position.

Quant à la plume de Roland Boudarel, elle est d’une telle fluidité et d’une telle finesse avec une pointe de mélancolie que le lecteur savoure chacune des pages malgré des scènes tragiques et difficiles.

L’auteur nous transmet un voyage dans le temps et dans l’espace avec beaucoup de profondeur nous mettant face a une réalité sur nos choix, nos valeurs, et notre philosophie de vie.

J’ai adoré comment Roland Boudarel nous clôture la fin de ce roman avec le personnage de Loïs.

Cet héritage transgénérationnel devient porteur d’espoir, de soumission et de luttes.

Apprivoise ton passé, même s’il te paraît anonyme. Certains psychologues et scientifiques commencent à démontrer que nous ne sommes pas uniquement les héritiers génétiques de notre famille. Ils pensent que nous devenons tout autant les légataires des souffrances de ceux qui nous ont précédés, de leurs expériences, de leurs traumatismes, des événements qui ont marqué leurs vies.

Je salue l’auteur pour tout ce travail de recherche et toutes ces magnifiques références. L’auteur nous livre une généalogie qui souffre profondément et silencieusement sans arriver à rompre avec la descendance. C’est bouleversant et fascinant.

Je pense que nous n’avons pas fini d’entendre parler de cet auteur qui a une plume magnifique et qui beaucoup de talent.

C’est avec beaucoup d’émotions que je vous recommande cette lecture, vous passerez un agréable voyage alors n’hésitez plus et procurez-vous ce roman.

  • Parution le 19 avril 2022 chez Librinova
  • 460 pages
  • Ma note 16/20

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