Jean Michelin, ancien militaire, écrit son premier roman Ceux qui restent paru le 24 août 2023 aux Éditions POCKET et nous offre un récit captivant, intéressant et sensible.
Un mot de l’auteur
Lieutenant-colonel dans l’armée de Terre, Jean MICHELIN a effectué des missions en Guyane, en Afghanistan et au Mali, notamment. Il est l’auteur de Jonquille, un récit paru en 2017. Ceux qui restent est son premier roman.
Quatrième de couverture
Comme chaque matin, l’aube grise se lève sur l’immuable routine de la garnison. Mais cette fois, Lulu manque à l’appel. Lulu, le caporal-chef toujours fiable, toujours solide, Lulu et son sourire en coin que rien ne semblait jamais pouvoir effacer, a disparu. Aurélie, sa femme, a l’habitude des absences, du lit vide, du quotidien d’épouse de militaire. Elle fait face, mais sait que ce départ ne lui ressemble pas. Quatre hommes, quatre soldats, se lancent alors à sa recherche. Ils sont du même monde et trimballent les mêmes fantômes au bord des nuits sans sommeil. Si eux ne le retrouvent pas, personne ne le pourra.
D’une actualité brûlante, cette intrigue intensément déroulée par la plume de Jean Michelin suit l’enquête de ces frères d’armes. Histoire poignante de camaraderie, de celle qui lie les êtres sous les vestes de treillis, ce roman sans concession se penche sur ce que la guerre fait à ceux qui partent, à ceux qui reviennent. À ceux qui restent.
Mon avis
Une couverture qui tape à l’œil. Un homme charismatique au regard déterminé.
Un groupe de soldats part à la recherche d’un des siens disparu juste avant un départ d’une mission. Jean Michelin décortique les cicatrices de chacun et expose les doutes des militaires.
J’ai rien à prouver, moi, je sers mon pays. Mais les gens qui pensent ça, quand je le sais et quand je peux, j’évite de trop m’en approcher. Pas parce que j’ai peur de ce qu’on me dira, non, rien à battre, mais parce que j’ai peur de faire une connerie, un jour que je serais de mauvais poil.
L’auteur alterne l’enquête avec le souvenir de ces hommes et des proches. Je me suis plongée dans le cœur et la tête de ces soldats à la recherche de l’un d’entre eux. La disparition de Lulu nous tient en haleine tout au long du roman.
Ce court roman explore la sensibilité des hommes sous l’uniforme, il se livrent et s’affirment… Ceux qui restent sont les femmes, les enfants, les parents…
C’est les retours qui sont durs, vous savez, plus que les départs. Chaque fois, mon mari est rentré un peu plus seul, un peu plus en colère, un peu plus triste. Surtout les dernières années quand… Elle s’interrompit, le souffle suspendu, en quête du mot juste. Quand tout est devenu plus tragique. On sait que c’est pas facile pour vous, mais personne ne nous demande comment c’est pour nous. Nous, on n’a pas de médaille à la fin, on se débrouille, mais c’est dur aussi. Surtout avec des enfants.
Au fil des pages, les pièces s’assemblent.
Quant à la plume, elle est soignée, incisive et emplie d’émotions. Un petit bémol sur cette fin ouverte.
C’est un très beau roman d’amour, d’amitié, sur la souffrance, l’obéissance et le racisme.
Il finissait toujours par reprendre le contrôle. Il avait de l’espoir pour la suite : le printemps arrivait, les enfants avaient grandi, on irait à la mer cet été. On ne pouvait tout de même pas passer sa vie à se lamenter en se regardant le nombril. C’est lorsqu’il avait fallu reprendre le travail, remettre le treillis, retrouver sa section, en morceaux elle aussi, que la machine s’était peu à peu déréglée.
Un récit haletant, poignant et puissant que je vous recommande de glisser entre vos mains.
- Parution le 24 août aux Éditions Pocket
- 256 pages
- Ma note 16/20