Marie-José Aubourg-Iberti publie son troisième roman Travail, travail quand tu nous tues le 23 septembre 2021 aux Éditions Nombre 7 et nous offre un récit poignant sur la triste et douloureuse réalité du monde du travail dans notre société.
Un mot sur l’auteure
Résidant dans le département du Var, Marie-José Aubourg-Iberti s’inspire des histoires de la vie ordinaire qu’elle observe et met en lumière. En publiant Travail, travail quand tu nous tues, elle signe son troisième roman. À travers l’histoire d’Hector et Sophie Juillet, elle s’intéresse aux mécanismes qui conduisent à la perte d’un emploi et à l’impact d’un tel évènement sur le couple, la famille. L’écriture de cette intrigue est née de témoignages et d’expériences qui l’ont conduite à réfléchir plus largement à la question centrale de la place du travail dans notre société.
Quatrième de couverture
Hector est épuisé de maintenir son service à flot, la cadence est devenue intenable. Il aime pourtant son travail, alors, quand de manière injuste, il est licencié à la suite d’accusations émanant d’un membre de son équipe, le vide s’ouvre sous ses pieds. C’est son identité, sa dignité qu’il perd. Victime d’un burn-out, le quinquagénaire sombre dans une spirale infernale dont il ne voit pas l’issue et envisage le pire tandis que Sophie, son épouse, aveuglée par la colère et cherchant désespérément la vérité pour retrouver leur vie d’avant, va aller au bout d’un processus de vengeance destructeur.
Mon avis
Captivant, douloureux, frissonnant et addictif.
Hector, ce pourrait être moi.
Hector, ce pourrait être vous.
Hector Juillet, cinquante-ans, marié à Sophie depuis des années. Ils ont un fils unique, Vincent, qui a créé une ferme pédagogique sur les hauteurs de Nice.
Hector a une situation professionnelle stable et c’est un bon salarié. Il est responsable d’un service administratif et comptable. Il dirige une équipe de six salariés.
Entièrement dévoué à son travail, il ne compte pas ses heures au point d’amener du travail chez lui néanmoins, il est épuisé de maintenir son service d’autant plus que la charge est devenue intenable.
Je ne dors plus, le rythme infernal de travail ne me laisse plus le temps de prendre des repas équilibrés. Je ne mange plus, je bouffe, je ne m’alimente plus, je compulse. Mes costumes me boudinent et il m’arrive, je l’avoue, de ne pas en changer durant une semaine. Je n’écoute pas la douleur aiguë qui titille mon estomac, je n’en ai pas le temps. J’engraisse, mon teint se « blafardise », je ne prends plus soin de moi et ne m’en préoccupe pas. Seul le travail compte ; les dossiers, les échéances, les indicateurs… Mais tout d’un coup, je me rassure. J’aime mon travail, ça s’arrangera forcément…
Jusqu’au jour où tout bascule, il reçoit une convocation et le verdict tombe. Il est licencié et Hector est victime d’un burn-out, mais après tant d’années et d’investissement, comment se sortir de cette spirale infernale ?
Sa femme a décidé de ne pas en rester là.
Une rage profonde gronde tout au fond de moi, ce sentiment d’injustice, ce désir de vengeance m’étouffent, me consument. Je dois absolument connaître le nom du salopard qui a provoqué notre chute, c’est vital.
Dès les premières pages, Marie-José Aubourg-Iberti plante le décor et d’emblée le lecteur pense savoir comment cette histoire se termine. Néanmoins, l’autrice arrive à nous surprendre d’une main de maître, digne d’un téléfilm.
Ce roman se lit d’une traite et nous narre la douloureuse réalité du monde du travail en explorant les domaines comme la compétition entre collègues, la rentabilité et comment pousser son salarié à l’épuisement professionnel.
Je sens des gouttes de sueur perler jusqu’à l’intérieur de mon col de chemise. Jacques m’observe et secoue discrètement de la tête. Je ne suis pas d’accord avec le directeur. Réduire, réduire, rationaliser ! Nous ne faisons que ça depuis son arrivée ! Cette fois, j’ai bien compris qu’il songe à trancher dans le vif de l’enveloppe budgétaire des ressources humaines. Réduction des effectifs, c’est bien ça qu’il a laissé entendre à l’assemblée générale. Je réalise soudain le danger pour mon équipe.
Marie-José Aubourg-Iberti nous met en avant les souffrances psychologiques d’Hector et la colère de Sylvie qui cherche désespérément à connaître la vérité afin de retrouver la sérénité de leur vie d’avant. En effet, c’est tout l’entourage qui est fortement concerné dans cette histoire.
Travail, travail quand tu nous tues, est le reflet de notre société et ce roman est criant de vérité.
L’autrice nous offre un polar d’une saisissante intensité aux multiples rebondissements. Le suspense est à son comble. Les chapitres s’enchaînent et cette lecture est considérablement addictive.
Marie-José maîtrise les petits détails à la perfection étant donné que les descriptions et la psychologie sont parfaitement bien travaillées. Le lecteur ressent les recherches et la qualité du travail de l’autrice, c’est minutieux !
Quant à la plume, elle est d’une telle finesse et d’une telle fluidité que le lecteur est pleinement immergé dans cette histoire et ne peut pas décrocher.
Le désarroi cède peu à peu la place à la colère ; contre mon épouse, qui ne me supporte plus, contre Marc, qui m’abandonne, contre l’agent de Pôle emploi, qui ne me propose pas de travail, contre mes voisins, dont le regard réprobateur indique qu’ils savent bien que je ne travaille pas.
Dans ce récit, Marie-José Aubourg-Iberti ne juge pas et ne cherche pas à discriminer les entreprises, elle fait juste passer un message avec subtilité, délicatesse et justesse. Cette lecture nous mène à une réflexion pertinente et de manière intelligente. Je salue l’autrice pour ce beau travail.
C’est avec un immense plaisir que je vous invite à découvrir ce roman fort, intense et incroyablement saisissant.
- Parution le 23 septembre 2023 aux Éditions NomBre7
- 200 pages
- Ma note 18/20
1 réflexion au sujet de “TRAVAIL, TRAVAIL QUAND TU NOUS TUES DE MARIE-JOSÉ AUBOURG-IBERTI”